Muettes et maladroites…

muettes et maladroites
Certaines de ces figures
ont les bras trop longs qui traînent par terre:
c’est ridicule. ( la douleur est imbécile, pour une fois )
Et maladroites avec ça :
ce qui fait vraiment mal n’est jamais élégant .
Ce sont des formes étouffées
qui ne parlent pas.
De là un malaise. Pas d’anecdotes,
rien que des dépouilles dégingandées
qui ne gardent pas le souvenir des histoires qu’elles portaient .
C’est ça le cauchemar désarticulé : on ne parle plus .
On diraient des mannequins de deuil
dans la vitrine d’un magasin horrible
où seraient exposées des vies grotesques .
On diraient des fantômes balourds.
Nous sommes hantés, et lestés : on ne bouge plus.
C’est comme le paradoxe du souvenir:
votre dépouille prend l’air,
pendant que votre histoire prend l’eau ,
pendant que le silence s’ installe.

Claude Meunier
août 2000